Rencontre avec Christine HANIZET, arbitre de PRO D2

En 1999, Christine Hanizet a comme une révélation. Elle regarde un match de rugby à la télévision et se met à la place de l’arbitre de champ suite à une prise de décision litigieuse. Elle s’interroge et décide alors de prendre contact avec le Comité Départemental de Rugby de Haute-Garonne pour se former à l’arbitrage, une vocation était née.


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Pouvez-vous nous décrire votre parcours personnel et professionnel ?
J’étais lycéenne et étudiante à Toulouse puis après quelques boulots, je suis rentrée à la société des autoroutes. J’y suis restée 10 ans. Le travail me plaisait beaucoup mais je travaillais en 3×8 et je supportais de moins en moins ces horaires. Il me semblait être décalée par rapport aux autres, que je ne profitais pas assez de la vie. Au lieu de mettre cela sous le coup du destin, j’ai effectué des démarches pour passer des concours dans la fonction publique. Je faisais déjà beaucoup de sport, donc je voulais me diriger vers un emploi dans la filière sportive. Sauf qu’à ce moment précis, le premier concours qui se présentait était celui de « gardien de police municipale ». Je me suis tout naturellement inscrite pour passer ce concours, que j’ai eu ! Je suis rentrée à la police municipale en décembre 2013 et en poste à Revel depuis août 2006.

Comment êtes-vous devenue arbitre à ce niveau ?
Je suis arbitre depuis bientôt 17 ans. J’ai commencé par la catégorie des jeunes puis des seniors de séries. Ensuite, j’ai évolué en Fédérale 3, 2 et Fédérale 1 jusqu’en juin 2015. Puis, j’ai été classée en Pro D2 en juin 2015 jusqu’en juin 2017 qui marquera la fin de mon histoire dans l’arbitrage. Je ne suis pas arbitre professionnelle. Je suis « amateur » et j’arbitre des rencontres professionnelles.

A quoi ressemble votre quotidien ?
Mon quotidien c’est une journée organisée, qui débute naturellement, par les occupations de ma vie privée puis j’exerce mon activité professionnelle où je suis chef du service de police municipale à Revel. Entre midi et deux heures, je bascule dans mon activité sportive pour retourner ensuite au travail.

Mais la journée n’est pas finie, une deuxième journée démarre où je reprends mon rôle de maman en passant par la case des devoirs, du repas… Plus tardivement dans la soirée, je travaille encore pour le rugby, en effectuant des visionnages, des comptes rendus de matchs sur lesquels j’ai été désignée.
En ce qui concerne les jours de match, je m’organise en conséquence selon le lieu, l’heure….J’ai une vie « normale » bien remplie et je dis toujours qu’il faudrait des journées de 30 heures pour que je puisse tout caler !

L'Indépendant - Photo H.J.

L’Indépendant – Photo H.J.

Etre la seule femme arbitre à ce niveau est-il facile à gérer ? Les mentalités évoluent quant à la place de la femme dans ce milieu ?
Je n’ai pas rencontré de difficulté dans la gestion et l’adaptation. J’ai quand même ressenti un climat oppressant des médias lors de mon accession à la Pro D2. J’ai accepté les interviews car il était « normal » que je réponde aussi à ceux qui découvraient la présence d’une femme dans ce milieu. Et puis, j’écrivais l’histoire de l’arbitrage au féminin.
Dire que les mentalités évoluent, c’est vrai. Mais on est parti de vraiment très loin, d’où un bilan un peu mitigé quant à l’évolution des mentalités. En revanche, les joueurs sont vraiment très « pros » et je tiens à le souligner. Jamais un joueur ne s’est servi de cet argument ou critère pour contester une décision.

Qu’est ce qui vous plaît le plus dans cette mission d’arbitre ?
C’est un immense plaisir et une chance de diriger des rencontres dans un sport qui me passionne autant, qui me fascine. Ce sport est fabuleux, on donne la possibilité à des joueurs d’aller au contact, d’utiliser la force, le défi physique, de se faire « mal », le tout dans un combat loyal et où la notion de respect est importante.ch-hanizet

Quels ont été les moments forts de votre carrière ?
Sur le plan sportif, les différentes rencontres internationales et notamment la Coupe du Monde au Canada en 2006, le tournoi des VI Nations en Angleterre en 2008 car à cette époque j’étais enceinte de mon garçon de trois mois et personne sur le terrain ne pouvait s’en apercevoir (mon ventre était encore plat !). Je pensais mettre un terme à ma carrière sportive et je vivais donc les derniers instants… J’aurai vécu un moment intense avec moi-même et mon fils. Et enfin, ma nomination en Pro D2 qui arrive si tardivement que je n’y croyais plus.

Sur le plan personnel, l’arbitrage m’a également apportée la satisfaction d’avoir bossé dur et d’avoir tout donné pour arriver à cet objectif.

Pourquoi avez-vous souhaité vous investir pour Rebonds! ? Quelles actions vont être mises en place avec l’association ?
J’ai trouvé la démarche plutôt sympathique. D’autre part, je me suis souvent dit que j’avais une vie agréable, que j’ai choisie et su mener, mais je pense aussi parfois aux personnes qui sont soit malades ou dans une détresse sociale. Je veux donc profiter pleinement de la vie et si je peux aider quelqu’un à vivre un petit instant de bonheur au travers de ma passion, alors, j’aurai accompli une bonne action et j’en serai heureuse.
Et pour cela, j’ai donc accepté de prendre en charge un ou une jeune de l’association lors d’une rencontre sur laquelle je serai désignée afin de lui faire découvrir mon univers et lui faire partager les coulisses d’un avant-match…

Photo Dépêche du Midi

Photo Dépêche du Midi

Vous devrez mettre un terme à votre carrière en 2017 puisque vous aurez atteint la limite d’âge réglementaire de 45 ans, quel sont vos projets futurs ?
Me reposer ! Je voudrais profiter du temps qui passe tout simplement et profiter de mes proches.

Cela fait de nombreuses années que je vis au rythme des entraînements, des préparations, du travail, de l’effort, du sacrifice, de l’investissement. Mais ces éléments font mon équilibre. J’ai besoin de me fixer des objectifs dans la vie, de m’y accrocher et de réussir.
Une chose est sûre, je ferai toujours du sport car depuis longtemps j’ai compris que c’était une « drogue » légale pour moi.
De plus, la rencontre d’un homme merveilleux avec qui je vis aujourd’hui a transformé ma vie. Il m’a apporté une grande sérénité et un épanouissement total. Un être adorable qui a partagé mes entraînements, m’a accompagnée dans mes efforts et m’a surtout encouragée à vivre pleinement ma passion. Je veux à présent lui rendre ce qu’il m’a donnée. Et comme il s’agit d’un sportif, j’espère l’accompagner sur de nouveaux défis !

 

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