Avec l’association Rebonds! qu’il dirige, Jules Sire développe la pratique du rugby dans les quartiers populaires afin d’offrir un autre horizon aux jeunes garçons comme aux jeunes filles.
Par Paul Moore
Le rugby, c’est toute sa vie. Depuis rage de 5 ans. Jules Sire baigne dans l’univers du ballon ovale. D’abord sur le terrain, en tant que joueur jusqu’à ses 23 ans. Ensuite au sein de l’association Rebonds!, qu’il rejoint en 2007 avant d’en prendre la direction cinq ans plus tans. Son combat ? Utiliser ce sport pour émanciper des jeunes en situation de fragilité, en particulier dans les quartiers populaires.
«À Toulouse et dans le Sud-Ouest, le rugby est un marqueur identitaire très important, explique-t-il, mais il y a finalement très peu de clubs dans les quartiers prioritaires de la ville. » Il n’en existe par exemple aucun dans le quartier du Mirail. Et les clichés ont ta vie dure. « Quand nous allons dans les écoles, avant ta séance de rugby, on prend toujours un temps en salle de classe où on travaille, on discute des idées reçues et des représentations liées à ce sport. Présente dans 9 départements d’Occitanie et de Nouvelle Aquitaine la structure s’adresse particulièrement aux jeunes de 8 à 12 ans. Le processus passe d’abord par les éducateurs, qui repèrent un garçon ou une fille prenant plaisir à pratiquer la discipline. Vient l’intervention de Rebonds!. qui les encourage a rejoindre un club proche de leur domicile. L’association qui compte une soixantaine de salariés, prend contact avec la famille, souvent par l’intermédiaire de l’école, afin de la convaincre des bénéfices de la pratique sportive et de lui proposer l’inscription dans le club. « Cela permet aussi de constituer un premier diagnostic éducatif et social. Et on a quelques belles histoires ! Par exemple, une jeune fille qui a joué son premier match en équipe 1 à Blagnac avec l’éducatrice socio-sportive qui l’avait amenée en club sept ou huit ans auparavant », détaille Jules Sire. Pour le moment, aucun jeune n’a réussi à intégrer une équipe professionnelle, toutefois ce n’est pas l’objectif : « Ce qui nous intéresse, c’est de savoir quel travail on va accomplir au niveau éducatif et social avec ces gamins. Pas de savoir si on va en faire des champions. »
Les règles du jeu
Rebonds! accompagne ses poulains à chaque étape: transport aux entrainements, démarches administratives « On va aussi présenter le joueur à ses éducateurs, aux dirigeants du club pour qu’il se sente dans un espace sécurisé, affectif et émotionnel », poursuit-il. Le plus difficile ? « Lorsque l’adolescent se trouve en situation d’obligation légale de quitter le territoire ou que ses parents sont à la rue. »
La pratique du rugby permet de sortir de sa barre d’immeubles, d’un cadre de vie parfois très restreint. L’association travaille également à la parité en accompagnant des jeunes filles issues de ces quartiers populaires, « Lors de nos interventions, on s’aperçoit que le terrain de rugby devient un espace libre où elles ne vont pas croiser le grand frère, le cousin, le copain d’école », affirme Jules Sire. Parmi les 250 jeunes accompagnés chaque année, il se souvient d’une fille qui a fini par décrocher un master 2 et qui s’est impliquée comme volontaire dans l’organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 en France. « Mais il faut garder beaucoup d’humilité quand on fait de l’accompagnement social et éducatif, et ne surtout pas s’attribuer le mérite de leur réussite. »