Rencontre avec Sanoussi Diarra, Président Fondateur de l’association Rebonds!
Quel a été votre rôle dans l’association et quel est-il aujourd’hui ?
J’ai été co-fondateur en 2004 et j’ai fait beaucoup d’heures de face à face pédagogique en tant qu’éducateur. J’ai rapidement été directeur de l’association jusqu’en 2012, suite à quoi je me suis impliqué dans la vie associative en tant que bénévole. A l’heure actuelle, je suis Président de l’association Rebonds!.
Comment est née l’association Rebonds! ?
L’association Rebonds! est née en 2004, de l’initiative de Sébastien Bouche et moi-même qui étions joueurs de rugby professionnels (Nîmes, Bayonne, Albi – Sanoussi) dans une logique de reconversion.
On est parti d’un constat simple en arrivant sur l’agglomération toulousaine : malgré le fait que Toulouse soit la capitale nationale du rugby, il y avait très peu de rugby proposé dans les territoires prioritaires et aux publics en difficulté.
Avez-vous de l’appréhension ou des doutes lors de la création de l’association ?
De l’incertitude en tout cas parce que lorsque l’on développe un nouveau projet qui plus est en changeant de métier, on est jamais certain de sa réussite, mais c’est aussi ce qui fait la beauté des projets que d’avoir de l’incertitude. Il y a eu des difficultés, c’est évident mais faut croire que l’on a réussi à les surmonter.
Pouvez-vous nous présenter l’association en quelques phrases, quelques chiffres clés ?
Rebonds! est une association qui utilise le rugby comme outil d’éducation et d’insertion sociale et professionnelle des publics en difficulté, ce qui nous amène à intervenir sur les territoires prioritaires, les structures spécialisées. En moyenne, ce sont 3500 jeunes filles et garçons qui bénéficient d’actions éducatives et plus de 80 jeunes qui bénéficient d’un accompagnement individualisé dans leur parcours de vie dans le cadre du projet principal de Rebonds!, le Projet Insertion Rugby. L’Essai au Féminin est une autre action en direction des jeunes filles qui prend de plus en plus d’importance. Il vise le développement de la pratique féminine du rugby, notamment pour les publics prioritaires. Il y a une autre action autour de la formation des jeunes de 17 à 25 ans qui sont éloignés de la formation et de l’emploi, notamment dans le domaine du sport et de l’animation socio-culturelle, c’est que l’on appelle le Parcours Sport Animation. Enfin, il y a le projet Rugbymix’ qui s’appuie sur la mixité handi-valide, visant à favoriser l’accès des personnes en situation de handicap mental à la pratique sportive et notamment au rugby.
L’association a 12 ans d’existence, 13 salariés, une vie associative et bénévole dense et 30 clubs de rugby partenaires sur Toulouse, sa périphérie, le Comminges, avec lesquels on collabore et qui sont des structures d’accueil des jeunes que l’on accomp
agne à travers le dispositif de « Suivi Rebonds! ».
Comment l’association vit-elle ?
Rebonds! vit grâce à un modèle économique complexe, qui repose en grande partie sur des fonds publics liés aux objectifs qui sont les nôtres : des fonds de l’Europe, de l’Etat, des collectivités territoriales. On s’appuie aussi sur un certain nombre de prestations de services mais cela reste assez confidentiel auprès des entreprises. Enfin, nous développons de plus en plus les actions de mécénat et de sponsoring.
C’est la raison pour laquelle on s’est doté d’une dynamique partenariale propre à Rebonds! qui nous permet de mobiliser des partenaires au-delà du soutien financier en les impliquant sur des actions éducatives et sociales. Les relations que l’on a avec nos partenaires s’inscrivent dans le cadre général de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). On veille à ce que ces partenaires aient d’une part, un lien avec le rugby et d’autre part, qu’ils épousent vraiment les objectifs et les valeurs de l’association. A ce titre là, on leur laisse une place pour tout ce qui concerne les actions autour de l’insertion professionnelle, découverte des métiers, récits de parcours professionnels, stages, embauches et on les implique aussi sur des logiques de parrainage de jeunes dans leurs parcours de vie et professionnel.
Quels sont les évènements à venir d’ici la fin de l’année scolaire ?
En termes d’évènements, l’activité de Rebonds! est dense à cette période de l’année. Il y aura prochainement le tournoi des collèges le jeudi 19 mai et les rencontres régionales inter-ITEP le jeudi 26 mai. Ces deux tournois se dérouleront au Stade Toulousain. En suivant, nous organisons le tournoi des écoles qui accueillera plus de 1500 élèves sur 2 jours les jeudi 2 et vendredi 3 juin aux Argoulets. Il y aura le tournoi de la Passe Amicale le samedi 11 juin à Blagnac et je pense également au Challenge National Inter-ITEP, qui se déroulera le week-end du 17, 18 et 19 mai dans la banlieue de Lyon.
Ces évènements sont les finalités de nos actions. Il y aura également une soirée pour nos partenaires le 22 juin dans les locaux de la concession Peugeot Toulouse Etats-Unis qui nous accueille pour l’occasion.
Quels sont les projets de l’association pour l’avenir ?
On est toujours dans une dynamique positive et on a jamais cessé de l’être d’ailleurs. On est dans un projet de développement territorial qui nous a amené à créer une antenne coordonnée par Manon André sur le Comminges et l’Ariège en 2014
Actuellement, nous travaillons justement au développement des actions à l’échelle de la nouvelle grande région et c’est la raison pour laquelle on s’est rapproché de la ville de Carcassonne dans l’Aude et que l’on mène une réflexion sur le développement de nos activités sur le territoire du Gers. On est systématiquement dans une logique d’amélioration de nos propres pratiques et on vise toujours à augmenter la qualité des services rendus.
Au-delà des quartiers prioritaires, vous intéressez-vous aussi aux problématiques du milieu rural ?
Les jeunes en difficulté ne sont pas forcément dans les quartiers prioritaires, on en trouve partout y compris dans les zones rurales. On s’en rend compte notamment dans le Comminges et l’Ariège. Ils sont éloignés des dispositifs de droit commun qui sont plus rares dans ces secteurs et qui accentuent ces phénomènes d’isolement. Notre préoccupation est d’investir ces territoires et de repérer les jeunes les plus en difficulté pour pouvoir les prendre en charge.
Et après Rebonds!, il se passe quoi professionnellement ?
Pour ma part après Rebonds! en tant que salarié, j’ai entamé une deuxième reconversion professionnelle, à l’image de ce que j’avais pu faire après le rugby pro. J’ai profité de ma montée en compétences et en réseaux réalisés au sein de l’association Rebonds! pour co-construire une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) qui s’appelle IMPACT et qui permet de développer des projets qui relèvent de l’utilité sociale et d’engager l’expertise que j’ai pu développer durant toutes ces années au service de l’association.
Cette SCIC fait de la formation, du conseil, de l’évènementiel et qui travaille de manière générale aussi sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises.
Si cette aventure était à refaire, qu’est ce qui serait différent ?
Très honnêtement, je pense que l’on ne changerait rien. Le parcours de l’association est satisfaisant, cela se fait parfois dans la difficulté mais c’est aussi le fait d’avoir surmonter ces difficultés là qui donne de la valeur aux actions et à la structuration actuelle de Rebonds!. C’est l’histoire de l’association qui fait sa pertinence à l’heure actuelle et j’espère qu’elle sera encore très longue.